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Un beau sacrifice de qualité positionnel

mardi 28 janvier 2014

Le sacrifice de qualité est une arme redoutable dans l'arsenal du joueur d'échecs. Il consiste à échanger une Tour contre une pièce mineure (Fou ou Cavalier). Souvent, ce type de sacrifice de qualité est naturel car il peut être supporté par le calcul de variantes concrètes conduisant à un avantage évident. Il est généralement plus difficile d'évaluer les conséquences d'un sacrifice de qualité positionnel qui, par définition, ne sera jugé que sur le long terme. La barrière psychologique à franchir pour réaliser ce type de sacrifice n'est pas à sous-estimer. Une évaluation erronée conduira à l'activation de la Tour adverse qui, par sa puissance de feu sur les lignes et colonnes ouvertes, surclassera la pièce mineure. Tigran Petrosian s'était fait en son temps une solide réputation de spécialiste de ce type de sacrifice de qualité.

En guise d'amuse bouche, je vous propose de deviner le coup joué par le célèbre joueur arménien opposé au hongrois Lajos Portisch.



D'autres exemples remarquables sont à découvrir dans les parties de l'ancien champion du monde.

Mais revenons à une époque plus contemporaine. La jeune génération maîtrise parfaitement ces concepts et hésite de moins en moins à échanger une Tour contre une pièce mineure pour obtenir des compensations à long terme. La qualité d'une pièce ne se juge pas sur sa valeur intrinsèque mais sur son potentiel d'action au sein d'une position déterminée. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Certains sont strictement techniques : sécurité des Rois, activité et coordination des pièces, structure de pions,... D'autres sont d'ordre pratique : initiative, plan clair, position agréable à jouer,...

Pour illustrer mon propos, j'ai choisi d'analyser une partie de Radoslaw Wojtaszek. A 27 ans, le Grand-Maître polonais se maintient depuis plusieurs années au dessus de la barre symbolique des 2700 points Elo. Au delà de ses propres performances de compétiteur, il est souvent cité comme l'un des membres les plus fidèles (depuis 2008) de l'équipe de secondants du désormais ex-champion du monde Viswanathan Anand. Sa progression, comme celle d'autres secondants (je pense notamment à Laurent Fressinet aidant Vladimir Kramnik ou Romain Edouard analysant pour Veselin Topalov), ne me semble pas étrangère à sa collaboration fructueuse avec le champion indien. A tous les niveaux, progresser nécessite de se confronter et d'échanger avec plus fort que soit.

Peu après la fin du récent match de championnat du monde qui a vu Carlsen ravir le titre à Anand, Wojtaszek a enchaîné plusieurs tournois avec grand succès, gagnant dans la foulée les opens de Bâle et de Zürich. Dans la partie suivante qui l'oppose au jeune Grand-Maître russe Ivan Popov, il nous gratifie d'un superbe sacrifice de qualité que même les meilleurs moteurs d'analyse actuels peinent à évaluer correctement.




Ce billet est illustré par une photographie de Radoslaw Wojtaszek prise par John Saunders lors de l'open de Gibraltar en 2013 pour le site Chessbase.

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