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Ne publions pas n'importe quoi !

lundi 1 janvier 2018

Dans le dernier numéro de l'année 2017 du magazine New in Chess, Alejandro Ramirez  a rendu compte du tournoi "Champions Showdown" qui s'est déroulé en automne au Saint-Louis Chess Club, haut lieu des manifestations échiquéennes étasuniennes. Cette compétition a permis à quelques uns des meilleurs joueurs du monde de s'affronter à différentes cadences rapides. Le coté spectaculaire a été renforcé par le choix de cadences KO, c'est à dire sans incrément de temps. Ces cadences me semblent totalement anachroniques à l'époque de l'utilisation des pendules électroniques mais la dramaturgie des affrontements en est décuplée et les rebondissements sont nombreux. Si l'objectif est de tenir les spectateurs en haleine au cours d'un véritable show diffusé sur le net, cette formule est intéressante. Les coups violents assénés sur les pendules ont d'ailleurs laissé quelques traces de sang, justifiant l'intitulé de l'article d'Alejandro "For fun & for blood" (que l'on peut librement traduire par "Pour s'amuser et pour faire couler le sang").

Toute initiative visant à rendre les échecs spectaculaires et médiatiques est louable mais l'excitation du direct disparaît totalement lors de la transcription par l'écrit dans un magazine. New in Chess consacre quinze longues pages à ce tournoi dont plusieurs analyses de parties. Il est rare que des parties jouées en cadence rapide et a fortiori en blitz méritent d'être montrées dans leur intégralité, tout au plus quelques fragments sont dignes d'intérêt.

Mais que penser de la première partie évoquée dans l'article qui a opposée Hikaru Nakamura, grand spécialiste des cadences rapides, à Veselin Topalov, connu pour être un piètre compétiteur lorsque le jeu s'accélère. L'article contient deux diagrammes illustrant la fin de partie que je vous livre ci-dessous :



Au moment de l'abandon, le sourire de Topalov face au visage fermé de Nakamura nous en dit long sur l'importance que chaque joueur accorde au résultat.

Même si ce dénouement tragicomique illustre le déroulement à sens unique du match de blitz entre Nakamura et Topalov, sa narration ne mérite pas de gaspiller du papier. Chaque jour, d'innombrables parties blitz s'achèvent de la sorte. Aucune ne mérite d'être publiée.

Le second exemple oppose Fabiano Caruana à Alexander Grischuk. Le joueur américain tenta d'éviter la défaite en se focalisant sur la pendule de son adversaire et parvint à vaincre sans gloire. Le commentaire des derniers coups de cette partie s'achève sur le diagramme suivant :



Tout ceci n'a aucun intérêt pour le lecteur.

Même si l'adage "ne jamais analyser un blitz" peut être parfois excessif, les éditeurs des magazines doivent s'interroger sur ce qui mérite d'être publié.

Pour conclure ce billet sur une note plus positive, je recommande vivement l'extraordinaire partie entre Bai Jinhi et Ding Liren analysée par le vainqueur dans ce même numéro de New in Chess. Une partie qui trouve vraiment sa place dans ce magazine de qualité.

Le beau portrait monochrome d'Alexander Grischuk qui illustre ce billet est à mettre au crédit de Lennart Ootes.

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Exercice tactique



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